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Écriture de la superposition - Une étude sur Molloy de Samuel Beckett
Écriture de la superposition - Une étude sur Molloy de Samuel Beckett
Résumé Écriture de la superposition - Une étude sur Molloy de Samuel Beckett LEE Jinlee Département de Langue et Littérature Françaises Université Nationale de Séoul Cette étude a pour objectif de définir l œuvre de Molloy comme un texte tissé de divers éléments concernant le nombre «deux», et de le lire et de l interpréter sous l angle particulier de ce nombre. Celui-ci se différencie du dualisme traditionnel occidental qui est défini comme l étape préparatoire de synthèse entre thèse et antithèse. Grâce à cette dialectique d inspiration hégélienne, l histoire des connaissances européennes a considérablement avancé. Le cadre spécifique du nombre «deux» chez Beckett, au lieu d accepter une des deux éléments clivés, accueille une division en deux ainsi qu une possibilité de scission de deux morceaux aussi successive qu incessante. La critique reproche souvent à la littérature beckettienne, d être ambiguë, absurde, vaine, ratée et manquante, parce qu elle semble résulter à la fois du refus de synthèse dialectique et de cet accueil simultané de thèse et antithèse. Ainsi, c est le cadre du nombre «deux» qui permet de saisir un élément caractéristique spécifique à l œuvre de Molloy, qui accepte le dédoublement incessant et dévie délibérément du point final certain que représente la synthèse dialectique. Ce cadre du nombre «deux» se compose de trois dimensions. Dans la première dimension règne une règle du double. On peut fréquemment rencontrer des dispositifs textuels, expressions langagières et matières littéraires en double dans Molloy. Étant donné que deux éléments
sont à l origine similaires et que, pour des éléments antithétiques mêmes, la frontière qui les oppose s effondre facilement, ils finissent par se ressembler. Le territoire dans lequel se multiplient et se fondent à la fois deux éléments identiques appartient au monde du délire. Et les personnages beckettiens qui y résident engagent indifféremment ce jeu de division-fusion des deux éléments en savourant leur confusion. Dans la deuxième dimension règne l esthétique du pénultième. Ce monde infiniment dédoublé ne laisse pas la possibilité de repérer la véritable fin. En effet, même si un certain point pourrait être considéré comme une fin, ce point lui-même risque de se dédoubler de nouveau. Donc, ce qui compte dans l œuvre de Molloy, c est toujours le pénultième. En se situant dans ce monde de délire sans fin, les personnages de Molloy et Moran jouent avec deux éléments similaires. Ce jeu représente un refus du développement dialectique et linéaire. Ainsi, les pistes de promenade et de récit par les personnages dévient et restent souvent en suspens. D ailleurs, dans la mesure où les personnages de Molloy et Moran doivent éternellement marcher avec un handicap aux jambes et écrire dans une langue imparfaite, la promenade et l écriture deviennent pour eux une véritable torture. Là où ils rédigent perpétuellement au sujet de la promenade douloureuse dans une langue défectueuse qu ils ne maîtrisent pas, c est le purgatoire littéraire. Le texte qu ils y créent péniblement, c est la littérature purgative. Dans la troisième dimension règne l éthique du diptyque. Au fur et à mesure que l œuvre de Molloy accepte tous les dédoublements, scission et fusion causés par deux éléments et permet de faire coexister l écriture et la promenade, la vie et la mort, cette dimension du diptyque exige une nouvelle manière de lire deux chapitres de Molloy. Lire simultanément le premier et le deuxième chapitre fait entrevoir les points communs entre les deux déroulements d actions, ce qui invite le lecteur à les superposer. Pourtant, cette lecture en superposition des deux chapitres permet de mettre en relief les points minutieusement différents entre les deux histoires que ces chapitres racontent respectivement. À cause de ces différences, le texte entier oscille. C est la raison pour laquelle la critique littéraire considère l œuvre de Molloy comme un texte ni fixé ni figé en un seul sens. La lecture simultanée des deux chapitres superposés permet de constater que,
d une part, la mission de Moran, consistant en la capture de Molloy, est aussi éphémèrement que sournoisement accomplie, et, d autre part, la mission de Molloy, représentée par la poursuite de la mère de ce personnage, n est jamais abandonnée. La superposition de deux histoires permet ainsi de rendre possible la rencontre, ne serait-ce que furtive, pourtant initialement impossible, entre les personnages de Molloy et Moran et d introduire indirectement le dehors du texte, là où le personnage de la mère de Molloy se situe, dans le texte. L idée de Beckett d après laquelle pourraient coexister diverses possibilités d interprétation du texte à partir de deux éléments ainsi que son attitude généreuse qui les accueille en tant que telles, transgresse le dualisme traditionnel occidental. Cette transgression fait naître une nouvelle écriture. Même si le texte au sens propre ne peut échapper à la temporalité chronologique en raison de la linéarité textuelle, Beckett y trouve son propre style pour réaliser la simultanéité de deux éléments, et, dans le cas précis de l œuvre de Molloy, celle de deux chapitres. Ainsi se trouve expérimentée une nouvelle forme d écriture spéciale, en mettant en parallèle deux histoires qui ne sont en réalité que les deux parties d un seul et même texte. La similitude entre les deux histoires invite néanmoins désormais à lire ce texte entier en superposant les deux chapitres. C est ce que nous avons choisi d appeler l écriture de la superposition. Cette écriture, qui superpose successivement les trois dimensions du nombre «deux», est une tentative proprement beckettienne à l encontre de la littérature contemporaine qui recherche constamment une nouvelle manière d introduire ou d inscrire l impossible et le dehors dans le texte. L œuvre de Molloy, création de l écriture de la superposition, reflète un certain courage de la littérature beckettienne, en ceci qu elle encourage les personnages à sortir du texte, où l échec même est prévu, au lieu de rester dans un monde d imagination, un monde du nombre «deux» selon Deleuze, où se répètent la scission et la fusion de deux éléments. Mots-clés : Samuel Beckett, Molloy, double, pénultième, diptyque, superposition Numéro d étudiant : 2011-23087