Magiciens du ciel 하늘의마법사들 Magiciens du Ciel Une Une exposition Corée-France / France 2015-2016 2015/2016
Magiciens du ciel Daphné Nan Le Sergent, Xavier Lucchesi, Martial Verdier Baek Jungki, Chong Jae-kyoo, Unzi kim Curators Sim Eunlog & Jean-Louis Poitevin Exposition du 17 mai au 4 juin 2016 La Ville a des Arts 15, rue Hégésippe Moreau 75018 Paris Une exposition Corée - France 2015-2016 La Ville A des Arts
Exposition pour la commémoration du 130 e anniversaire des relations diplomatiques franco-coréennes. Annales de 0-Sang Sim Eunlog L exposition «Annales de 0-Sang» (0 se prononce Gong ou Young en coréen et signifie «zéro ou vide», Sang signifiant «image» ou «forme») proposée par Sim Eunlog, est inspirée par le Cabaret Voltaire à Zurich (lieu mythique qui a vu naître le mouvement Dada il y a cent ans). Les «annales de 0-Sang» sont des sortes d enregistrements que font les gens qui rêvent ou ont une imaginations sans limites et sans frontières, comme les dadaïstes ou Nam June Paik. Parmi eux, six personnes, Chong Jae-Kyoo, Xavier Lucchesi, Unzi Kim (Kim Hyung-Gi), Martial Verdier, Baek JungKi et Daphné Nan Le Sergent, déploient leur 0-Sang dans plusieurs endroits en Corée du Sud et à Paris. Dans l expression «annales de 0-Sang» 0-Sang désigne une pensée irréelle ou nonréalisable, mais aussi une image de l espace ou du vide. Tout cela peut se traduire par la proposition : «penser à partir du 0 (zéro)». En 2016, on célèbre le 100 e anniversaire du mouvement Dada qui a introduit la liberté illimitée du 0-Sang dans les arts et la vie. On commémore aussi le 10 e anniversaire de la mort de Nam June Paik. Cette exposition est un double hommage à ces artistes passeurs des «annales de 0-Sang». Significations variables 0-Sang [Gong-Sang] : nouvelle manière de penser l art contemporain et attitude de restitution invalidant tous les préjudices et les idées préconçues. 0-Sang [Young-Sang] : travaux concernant les images comme la vidéo, la photographie, etc. 0-Sang (fantaisie) : pensée irréelle ou non-réalisable 0-Sang (néologisme : pensée + espace) : pensée de l espace 0-Sang (néologisme : vide + image) : pensée ou image liées à l action de vider. 3
Magie générale! Jean-Louis Poitevin Éloge du vide Dans le cadre des années croisées France- Corée, les commissaires Shim Eunlog et Jean- Louis Poitevin ont cherché à mettre en relation des œuvres d artistes coréens et français dont la préoccupation majeure est le questionnement créatif sur les formes les plus contemporaines de la représentation Xavier Lucchesi, Martial Verdier, Daphné Nan Le Sergent, Chong Jae- Kyoo, Kim Hyung-Gi (Unzi), Baek JungKi. Questionner la représentation signifie moins faire varier des formes, des thèmes ou des éléments plastiques largement répertoriés que creuser la poche de silence qui hante le visible. Ce silence est à comprendre comme matrice des formes et source de leur puissance d expression. Il désigne, ici, cette zone sensible d échange d intensité, dont les formes sont la manifestation visible. Le visible et son double, que constitue le visuel, ne se font donc pas face comme corps et image dans le miroir. Bien plutôt, ils émettent des signes d un côté et de l autre d une surface commune, comme s ils étaient les deux faces d une même pièce de monnaie, absolument liés, à jamais invisibles l un pour l autre. Inventorier ce qui a lieu dans cet interstice qui les relie malgré eux et qui constitue à la fois le cœur, le corps et la part d ombre de toute représentation, voilà ce à quoi ces artistes travaillent inlassablement! Antimatière Le ciel dans lequel naviguent ces magiciens n est pas le domaine réservé dans lequel un deus absconditus se serait retiré, mais la part d indécidable à laquelle tout visible s enlace pour se manifester. Ce ciel est le royaume d une antimatière métaphorique trouvant néanmoins à s incarner ou du moins à se manifester à travers des jeux de lumière, de transparence, de découpe et d écart ; des nuages de points sur un ciel gris ou des apparitions ambiguës de corps sur des supports numériques. Échos de notre activité neuronale incessante, chaotique et réglée à la fois, ces moments du ciel nous rapprochent des sources du visible. Le ciel, ici, est nuée ou nuage, eau ou lait, faille ou écart, découpe ou recouvrement, transparence ou opacité Chacune des œuvres rend perceptible cet interstice qui constitue à la fois le cœur secret de la représentation et sa part d indécidabilité. La magie à laquelle il importe de se référer ici n est celle de l image qu en un second temps. Ce qui emporte le regard inlassablement, c est la féérie à laquelle donne lieu le tremblement de nos certitudes concernant précisément ce qui est ou serait le «réel». Nom de l obsession supposée de tous les fabricateurs d images, le réel n est pourtant pas ce qui s impose dans l évidence d une perception sans médiation, ni ce sur quoi viendraient se casser les dents de ce requin affamé de résistance qu est l œil Le réel est ce qui se donne à percevoir dans la variation des écarts entre les postures qu engendre la certitude, tant sur ce que l on est que sur la forme du monde, tant sur la consistance de l univers que sur la cohérence du corps, tant sur l unité supposée des pensées que sur la réalité de la «fiance», celle qui résonne dans la confiance et qui explose dans la méfiance. Ainsi, à partir de ces œuvres, se dessine un chemin qui, entre magie et image, entre ciel et silence, dessine la trame exacte de notre aspiration à saisir le réel. Ces œuvres nous font aussi comprendre pourquoi gagner la confiance de celui qui voit, et qui naît de la reconnaissance du caractère à la fois absolu et indécidable de chaque image, constitue le véritable but de leur création. 5
Solo Exhibitions 2014 Walking in Haenggungdong by night, Haengunggil Gallery, Suwon, Korea 2013 Walking Alone on a Clear Night, Gallery DUDL, Seoul, Korea 2013 RMP_b, Seoul Driving Report, UNDERLINE, Oh!Zemidong Gallery, Seoul, Korea 2008 RMP_b, RMP-b, regaining the impaired nausea, Alternative Space Miccle, Seoul, Korea Group Exhibitions 2015 Single Channel Video volume.4, Gyeongnam Art Museum, Changwon, Korea 2015 Gwangju Media Art Festival 2015, Bitgoeul Citizen Cultural Center, Busan, Korea 2015 New Cartographers, Songwon Art Center, Seoul, Korea 2014 11th Busan International Video Festival Bccenter, Busan, Korea 2014 Young Artists Project 2014, EXCO, Daegu, Korea 2014 未知的实践场域, Sichuan Fine Arts Institute, Chongqing, China 2014 Memory in «place-15» Jeonju cinema Complex 2014 Bike Festival, Daejeon Citizens University, Daejeon, Korea 2014 Occupy Jungmiso, Art Space Gallery Jungmiso, Seoul, Korea 2013 The 13th Seoul International NewMedia Festival, Seoul Art Space Seokyo, Seoul, Korea Baek JungKi Ombres errantes Baek Jungki est un artiste qui traque le ciel d une manière singulière, en parvenant à le faire exister non pas au-dessus des corps, mais entre les corps. Ou, plus exactement, il s ingénie à traquer les corps au point d en révéler l instabilité chronique, quoique généralement non perçue. Il fait montre combien ils sont et ne sont que des paquets d atomes mobiles, autrement dit des fantômes ou, mieux encore, des apparitions, des «fantasma» comme les nomma le philosophe et poète Lucrèce. À ce titre, dans ses vidéos, les corps n ont pas plus de réalité palpable que les nuages. Le ciel est donc à la fois ce entre quoi les hommes circulent et ce qu ils deviennent quand, de leurs mouvements, il ne reste, magie des images, que le sillage sans attache, une trace nuageuse quasi imperceptible et,en tout cas, insaisissable Dans ses vidéos, il parvient donc à gommer la présence réelle des corps. En revanche, il réussit à les faire exister comme flux. Les corps réels sont devenus fantômes et les fantômes eux-mêmes semblent s adresser à nous pour nous demander s ils existent. Dans 6 la vidéo réalisée sur un stade de base-ball, il montre l écran géant au-dessus des spectateurs, où l on voit avec précision les corps filmés en direct, corps qui sont en même temps sur le stade et, que pourtant, l on ne voit pas sur les images de sa vidéo qui gardent trace de ce qui est censé se passer sur la pelouse. En les faisant presque disparaître, en ne les laissant exister, comme corps visibles, que sur l écran géant, il révèle le sens de son propos : dire non seulement la puissance magique de l image, et alors c est la relation absence-présence qui est en jeu, mais aussi sa faiblesse originelle, et alors, c est la relation entre manipulations techniques et révélation d un secret qui s impose. Les vidéos de Baek Jungki sont donc une démonstration précise et efficace de la manière dont nous investissons la réalité du visible d une croyance fondamentale. Ce que nous voyons n existe que si nous lui accordons cette réalité et cette existence. Sinon, si on lui dénie ce caractère d être, alors tout peut être réellement perçu comme un nuage, ou un flux, c est-à-dire comme un mouvement d atomes insaisissables. ne œuvre plus récente présente un homme vélo qui circule dans la ville de Séoul. On ne voit pas sur l image finale mais cette image, ariable selon notre action avec la souris, est résultante de la prise de vue effectuée par nq caméras gopro, quatre situées sur la tête u cycliste et une sur une perche qui filme de lus haut et qui accroché accrochée à l arrière u vélo. effet visuel est à la fois simple et radicalement surprenant. En effet, nous voyons non eulement le paysage mais aussi celui qui fait e la bicyclette et ce point de vue multiple, éellement multiple, est le véritable sujet de e travail. Aujourd hui, chacun est embarqué, u il le veuille ou non, dans un processus de éflexion au double sens du terme de médiation et de reflet, processus qui l extirpe de lui-même et le fait exister comme image multiple, comme ensemble de points de vues différents possible pourtant en même temps. La succession était la règle jusqu ici dans le cinéma comme dans la vidéo. Nous savons que désormais nous pouvons nous voir non seulement avec les yeux des autres mais avec des yeux qui n existent chez aucun être humain ou animal. Nous sommes bien déjà des cyborgs. Et le fait de se promener en vélo dans Séoul n y change rien. Ce voyage n est que la conséquence, l effet de feed-back de la grande ville sur chacun de nous. Baek Jungki le sait qui le montre avec une dextérité et une efficacité rare. 7
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Diplômé de la faculté des Beaux-Arts de l université nationale de Séoul en 1974 (Corée). Il a étudié le Suprématisme de Malévitch et le Néo-Plasticisme de Mondrian à l université de Paris-I dans les années 1980. à partir de 1990 il commence sa carrière en tant que photo plasticien et travaille depuis en région parisienne. Il est un des quatre fondateurs de l association Sonamou (1991) et a créé le Groupe Novembre Expositions Personnelles 2015 Espace Icare «Le tissage du temps», Issy-les-Moulineaux 2011 Galerie 604 h, Busan, Corée du Sud 2008 Galerie Maek-Hyang, Daegu, Corée du Sud Insa Art Galerie, Séoul, Corée 2007 Café de la Gare «L événement photographique de 1907 à 2007», Issy-les- Moulineaux, France 2006 Galerie Mamia Bretesché, Paris, France 2004 La Médiathèque, Issy- Les-Moulineaux, France 2003 Galerie Hedaes Sevira, Paris, France 2001 Gallery Sagan, Séoul, Corée du Sud (1997). Il a obtenu le Prix de Fine Work à la 1 re Photo Biennale de Tokyo (1995) et le prix de la Ville à Issy Biennale (2001). Ses œuvres sont collectionnées au musée national d Art contemporain de Corée, à Daegu Art Museum (Corée), à Posco Art Museum (Corée), à Tokyo Metropolitan Museum of the Photography (Japon), au musée français de la Carte à jouer (France) Expositions Collectives 2016 «Ombre Portée», Prieuré de Pont-loup, Moret sur Loing, France «Magiciens du ciel», galerie La Ville a des Arts, Paris 2015 «Photo physique» (Expo duo avec Olivier Perrot), Galerie La Ville a des Arts, Paris 2014 «Noir et Blanc/Couleurs», musée de la Carte à jouer, Issyles-Moulineaux, France «Sonamou, son.âme.où?» Association des Artistes Sonamou, galerie de la Cité Internationale des Arts, Paris 2013 Biennale de Samara, Samara, Russie Publication Chong Jae-Kyoo, «L instant au mur : réflexion sur la photographie plasticienne et le Groupe Novembre», TK-21 LaRevue, n 22 (29 mai 2013), n 44 (mars 2015) www.tk-21. com, Paris, France Toshiaki Minemura, «Photography by Art, Art by photography», Bijutsu teco, n 462, mars 1980, Tokyo, Japon Michel Nuridsany, «La photographie à la Biennale», Le Figaro, le 19 septembre 1977, Paris, France Image démocratique Photographe plasticien, Chong Jae-Kyoo poursuit inlassablement son questionnement créatif sur l image. Découpe et positionnement des éléments découpés avec adjonction ou non d éléments visuels provenant d autres strates ; tissage d élément visuel de type photographies avec des bandes de papier kraft, le tout pouvant devenir surface mais aussi installation dans l espace Tels sont quelques aspects du travail de déconstruction de l image, auquel il se livre de manière productive depuis plusieurs décennies! Il a ainsi, par la découpe, pensé en particulier l intervalle, l interstice ou l entre-deux, mais aussi, par le tissage, le vide actif par la mise en scène du double fantomatique. Car c est à la fois le même et l autre qu il met en scène, ce semblable emporté par une alternative différentielle vers une apparition brouillée de sa propre image comme de son être propre. Le monde de Chong Jae-Kyoo est d une singularité cinglante, en ce qu il est à la fois le résultat d un travail obsessionnel et d une forme de pratique artistique fondée sur l image comme «commun», support de manipulations infinies et être dont le statut est tout sauf fixé. Il montre par son travail même comment l image est une entité variable selon la strate à laquelle on la renvoie objet matériel, objet perçu, objet pensé par exemple mais aussi selon la définition implicite qu on donne d elle et donc selon la confiance qu on a en elle. Aujourd hui, en s appropriant des images de presse extraites d un numéro spécial de Télérama consacré à Picasso, c est la carte de l activation d un système de transformation de l image par chacun d entre nous dont il entend montrer la possibilité et l efficacité. Chong Jae Kyoo Les grands discours sur l image ont leurs limites, car ils restent inévitablement au seuil de l image. Ici, ce sont des images réalisées de main d homme qui nous font face ; ce sont des gestes qui viennent à nous ; ce sont des actes qui nous interpellent! Toute image a un envers matériel et c est cet envers, particulièrement évident lorsque l on tourne les pages d un journal, qui est ici mis à l honneur. À ceci près que, lorsque l on tourne la page d un journal, on n associe pas ensemble ces deux images qui s ignorent et se frôlent : on les voit l une après l autre et on les distingue donc mentalement. Ici, Chong Jae-Kyoo, nous donne à voir ce que notre esprit occulte. On découvre aussi comment il fonctionne et associer et séparer sont deux gestes mentaux essentiels, ceux par lequel le monde se met en branle. Et ces gestes, chacun peut les accomplir : il lui suffit de s emparer d un journal et de découper, décaler et tisser ensemble les bandes d images nées de ces gestes. Nous sommes ici à la fois au cœur d une pratique réellement démocratique et dans un processus de révélation des grands concepts développés par le philosophe Gilbert Simondon, celui d individualisation et celui de transduction, en particulier. Avec les œuvres réalisées à partir du carton de Didier Lambert, artiste ayant connu un peintre coréen dans les années 1970, c est encore une fois le mélange savant de singularité et de «commun» qui est mis en avant et c est lui qui confère à cet ensemble, où tous les aspects de son travail sont présents, une puissance d expression nous projetant hors des sentiers battus de l indicialité. suite p.34 10 11
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Chief Director INDAF 2009 Chief Director Tomorrow Festival 2010 Chief Director Busan Lighting Festival 2010 Lighting Design Comity Member of Séoul Metropolitan City 2009-2013 2007-2009 Ph.D., Art Numérique, Soongsil University, 1998-2001 DEA, Conception des Applications Multimédia, Conservatoire national des Arts et Métiers 1986-1991 Diplômé de l école Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris 1979-1985 Université de Yonsei à Séoul, section des sciences physiques Expositions personnelles 2015 I m Here, Gallery 3, Séoul 2012 Be-ing, Hanbit Media Gallery, Séoul 2011 One Pixel Life, indeco Gallery, Séoul 2010 Spectrum; Light in, Lotte Gallery, Busan 2008 I m the Light, Topohaus Gallery, Séoul 2007 VIP Video In Picture, at Center, Séoul 2001 Centripetal-centrifugal, Ssamzi Space Gallery, Séoul 2000 réalité virtuelle, Sungkok Art Museum, Séoul 1999 Dark Day Dream, Galerie Gana-Beaubourg, Paris 1997 m o n o l o g u e, Paiksang Memorial Art Museum, Séoul 1991 Obscurité et son, Installation de la lumière et du son dans la cave «In» École Nationale Supérieure des Beaux-Arts, Paris Projection Mapping 2012 Viva Arirang, Palais de Glace, Buenos Aires, Argentine 2012 Chung-nam do chung, Daejeon 2011 N_Tower, Namsan, Séoul 2011 Kyungju Expo Tower, Kyungju 2010 Fountain, Omok Park, Séoul Ralentir Sans doute est-ce ce qui, en quelque sorte, nous surprend et nous attire irrésistiblement dans les œuvres d Unzi Kim, une certaine lenteur qui nous fait à la fois désirer que cela aille encore plus lentement, afin que nous puissions encore mieux voir ce qu il nous montre, et que cela s arrête, tant cette lenteur exacerbe notre désir de saisir et d arrêter le temps! Cette tentation de la lenteur trouve son origine et sa source dans une expérience vécue singulière. Un jour, pas très loin de lui, il y eut une explosion. Le danger, immédiatement perçu il a certes réagit pour se sauver, mais comme souvent dans ces moments de stress maximal imprévu, quelque chose d autre a eu lieu. Ce fut un ralentissement violent de toutes ses perceptions. Cela s est doublé d un accroissement de la précision de ses perceptions. En d autres termes, une sorte de caméra à mille images secondes et à ralentisseur extrêmement puissant s est mise en marche à l intérieur de lui. Ce qu il a perçu alors, ce furent ces micro- événements auxquels en général nous ne prêtons pas attention et, outre les percevoir, il s en est souvenu. C est comme pour prolonger cette sensation mêlant angoisse folle et attention salvatrice qu il poursuit inlassablement sa quête d un ralentissement général par l image de nos perceptions visuelles. Ce qu une telle expérience entraîne à sa suite, c est une mutation complète du système de valeurs sur lesquelles sont fondés nos jugements. En intitulant Be ing cette installation vidéo à quatre faces (montrant, prise des quatre côtés Unzi Kim simultanément, une femme en train de flotter dans un aquarium vertical rempli d eau et de lait), il souligne combien l enjeu est pour lui important : être, c est être bien; et être bien, c est percevoir ce qui fait que l on existe, c est-à-dire vivre pleinement l instant infini qui nous retient dans le monde. Ce que cette femme nous donne (à voir à travers l apparition et la disparition permanente et simultanée de parties de son corps) et ce qui constitue l enjeu de cette œuvre, c est précisément de parvenir à rendre sensible pour chacun de nous la continuité secrète qui anime la réalité du vivant. L expérience du danger et du stress maximal instantané a ouvert la porte à cette connaissance de l au-delà de la perception habituelle ; non pas l au-delà de la mort, mais bien celui de la saisie de la vie comme respiration continue. Dans une œuvre mettant en scène le masque d une personne et l image de cette personne projetée sur son propre masque en plastique transparent le visage étant animé de mouvements des yeux, au point que l on a l impression comme avec La Joconde qu ils nous suivent quand on se déplace Unzi Kim atteint à une dimension de réalité qui, d une certaine façon, excède la réalité. Le double qui nous fait face est lui-même dédoublé : il est masque et image. Le regarder, c est voir tous nos réflexes vaciller. Car, nous savons et percevons alors que nous regardons, que nous ignorons qui et ce que nous sommes et que, pour y parvenir, à l évidence, il va nous falloir ralentir. 14 15
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Née en 1975, à Séoul. Vit et travaille à Paris. Artiste et théoricienne. Au travers de dissociations dans l image (diptyques, césure son/ image, différence de textures ou superposition de calques), mon travail cherche à rendre sensible la ligne mouvante de la schize et les divisions intérieures engendrées par les conditions géopolitiques et économiques. Représentée par la galerie Metropolis, Paris. Expositions collectives en 2016 : «Overflow, OU, Printemps de l art contemporain», Marseille «Géographies mouvantes», Centre Bophana, Cambodge «Girls : en équilibre sur la fine pointe de l instant», Galerie Metropolis, Paris «Jusqu à ce que rien n arrive», Maison des Arts, Malakoff Daphné Nan Le Sergent Nuées Daphné Nan Le Sergent présente un ensemble de six dessins, dont le dernier est remplacé par un écran diffusant trois vidéos, qui sont à la fois des affirmations décalées de ce que les dessins mettent en scène et une confirmation du propos que, littéralement, ils esquissent. L enjeu se tient dans ce constat qu entre les faits et leur présentation, entre les mots et la représentation des choses qu ils désignent ou expriment, il n existe pas de zone de transparence dans laquelle l évidence d une certitude pourrait s affirmer, mais un chaos : un chaos de points, un chaos de flux, un chaos de signes, un chaos d aveux sans fin. Et ce chaos peut, dans ces œuvres, prendre, par exemple, la forme d une nuée de points ressemblant à un vol d étourneaux dans le ciel pur d une campagne quelconque comme de mots échangés à la limite du nonsens entre deux voix artificielles dont les propos semblent vrais, sans parvenir à nous convaincre. Les dessins sont des calques d images prises sur le net et sur lesquelles on voit, lointain banal, crête possible de montagnes rêvées, une ligne qui ressemble autant à une succession de sommets qu à un graphique d évolution des cours de la bourse dans un temps compté en nanosecondes, à Wall Street. D un gris pâle, ce décor est surtout le support d une activité manuelle intense, activité qu il faut comprendre à la fois comme le décompte de l impossible calcul des possibilités contenues dans une accumulation de grains de sable ou de poussières dans le ciel du soir, comme la manifestation en miroir d une hystérie incantatoire et comme le lieu d un sens aussi clair que dénué d impact réel sur le cours des choses. L art, ici, est à la fois acte, support et objet du questionnement. C est la figure centrale du curator dans le mouvement sans fin de la production de sens, à laquelle il est censé se consacrer, qui est ici mise en scène, tant dans les œuvres graphiques que dans les trois vidéos qui s enchaînent sur l écran-dessin, comme autant de plongées dans un questionnement stratifié. Nous nous trouvons ici à la croisée de l actualité, de l art et du mythe. Le mythe, c est celui de Noé et de sa descendance ici convoqué comme figure centrale dans la mise en place de l image comme mode de pensée discriminant. Le curator, bras droit du prêtre dans le travail nécessairement herméneutique, qui s impose à tout humain vivant, exhibe les revers de sa fortune. L art est certes production d objets, mais il est surtout vecteur de «fiance». Or, la confiance est ce phénomène irrationnel par lequel un corps pensant s engage à accueillir ce qui le dépasse pour le transformer en la chair de sa chair. Les œuvres d art sont parmi les moyens les plus efficaces pour faire naître cette confiance, mais aussi les plus terribles pour éveiller notre besoin de questionner! Mythographe, 2014-2016, 12 min Le champ lexical du curator, la victoire, 2016, photographie-dessin, mine de plomb, tirage numérique, 34 x 192 cm C est à indiquer le chemin qui permettrait de revenir à la source la plus profonde de cette «fiance» que travaille Daphné Nan Le Sergent, sachant que, pour elle, l enjeu de l art est moins la production d un sens que le décryptage des boues, des bruits, de cette infinité d éléments non visibles dont, pourtant, le réel est tissé. Le champ lexical du curator, la défaite, 2016, photographie-dessin, mine de plomb, tirage numérique, 34 x 144 cm 18 19
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Xavier Lucchesi La danse des X 2015 «Africa x-ray», Galerie AD Chab Touré et Institut Français du Mali IFM, Bamako, Mali 2014 «Glance inside the body», Gran Theater/ Grey Area and Berkeley center new media, San Francisco, USA «Rayons X», Galerie Omnius, Arles, France 2013 Résidence artistique, Marseille-Provence 2013, Marseille, France «Comme un poisson dans l eau», AP-HM, Marseille, Usa «Radio doudou», Hôpital de la Timone, Marseille, France 2012 Artistic residence Medical Pole of Imaging in Marseille Hospital, France 2011 «Interior Landscape» atelier xlucchesi, Paris 2010 Affordable Art Fair, New- York Art Shanghai 2009 LM Gallery, Paris «Groupe Novembre», Hanmi Museum of Photography, Séoul Exhibition «Vanities» in Zagreb, French Cultural Center, Croatia 2007 «Androids», France Fiction Gallery, Paris 2006 «Picasso X-Rays», the Picasso Museum, Paris L œuvre de Xavier Lucchesi se déploie depuis de nombreuses années dans cette zone où l image est donnée à voir comme un événement, porteur de dimensions contradictoires. En effet, travaillant avec, pour tout appareil photographique, des machines complexes de radiographie, puis aujourd hui des scanners de diverses générations, il a produit des images dont le statut a toujours hésité entre une affirmation d existence fantomatique et un aveu d inconsistance lumineuse. Ainsi en va-t-il depuis la première image aux rayons X faite par Wilhelm Conrad Röntgen, celle, dit-on, de la main de sa femme : qu une étrange émotion s empare de nous à découvrir là, au sens le plus littéral, quelque chose que l on sait exister, que l on sent, mais qui nous demeure en général caché, sauf à imaginer que l on pourrait avoir un regard sur sa propre chair, au moment où un chirurgien y taillerait avec son scalpel. Et encore! Et il n y a pas que le corps qui se laisse ainsi passer au crible des rayons X! Toute matière qui est soumise à sa loi, se transforme et passe du statut de chose ayant une consistance palpable et un aspect visible, aisément décelable au statut de chose à l allure extraterrestre, une chose dont on perçoit le contour sans pouvoir certifier de son unité et dont on perçoit l intérieur sans pouvoir s assurer de l extérieur. Et l intérieur, souvent, apparaît vide, là où l habitude nous fait reconnaître une plénitude de matière ; et plein, là où l on ne peut rien assurer percevoir. Il en va de même avec les scanners, qui permettent désormais de transformer chaque chose singulière en ensemble de données numériques, c est-à-dire en la résultante d un calcul, certes effectué a posteriori, mais qui ne fait que révéler les secrets de la matière qui la transforme en corps postapocalyptique, la chair s absentant devant nous pour ne laisser voir qu une hypothétique armature sans vie. Ici, le ciel se trouve embarqué au cœur même de l image ; il occupe tous les interstices et parfois de grands espaces, qui sont habituellement ceux occupés par la matière ou par la chair. On peut ne prêter attention qu à la forme, qui reste reconnaissable à travers son squelette, mais on peut aussi tendre l œil vers ce vide perlé qui semble renvoyer à la fois à l opacité de la matière, à son passé de particule et au vide apparent qui mite l image, à son devenir antimatière! Xavier Lucchesi transforme l image en terrain d expérimentation plastique, en s appuyant sur son ambiguïté native, qu il révèle, utilise et déconstruit Ce qu il nous donne à voir, c est le fonctionnement de la croyance, qui est vitale : il faut croire pour tenir, dans l adversité que représente la découverte de son appartenance à un univers réellement quantique. C est aussi une aventure philosophique qui se joue ici, car comment croire en ce que l on est quand on voit ce que l on devient, une fois soumis au test des rayons X? C est bien cette double fonction affirmative et critique de l image qui est ici mise en œuvre. Elle fait écho à la coexistence en ce même «objet», appelé image, de deux forces contradictoires qui contreviennent au principe de raison, tout en éveillant en nous la force contraire qui consiste à privilégier la croyance en ce qui est plutôt que de risquer, se perdre dans le vide stellaire, matrice incernable du visible qui existe au cœur de tout être, de toute chose. 23 22
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Solo Exhibition 2016 KALOTYPIEN, FzKKE e.v. (Förderkreis zeitgenössischer Kunst Kreis Euskirchen e.v.) Euskirchen, Allemagne 2014 «Le cri s y est formé à Lavera», Mois de la photo à Paris, galerie La Ville a des Arts. 2013 «We are the lords of Apocalypse», Fernand Léger Arts Center, Port-de-Bouc. Marseille European Capital of Culture (MP 2013) 2011 «Fukushima sur Loire», galerie Image de Fer / TK-21, Paris 2001 «Faire Play», a Sophie Lessard dance performance with the Atlantic ballet Régine Chopinot, La Rochelle, Paris... France Main Groupe Novembre & TK-21 Exhibitions 2016 «Magiciens du Ciel», confrontation France Corée, Paris (mai) Séoul (septembre) 2014 Taipei art photo show», Taïwan «Rêver la terre, Paris-Taïwan», galerie Épisodique, Paris (curator) 2013 «Screen/Scape» une image mobile de l éternité, Samara, Russie (curator) 2009 «Groupe Novembre, Paris-Séoul», Hanmi Museum of Photography - Hanmi fondation, Séoul 2008 «Daegu Art Fair», Daegu Corée Main group Exhibitions 2016 «Port de Bouc, 150 ans», Port de Bouc, Rencontres photo Arles «La Mémoire du futur», musée de l Élysée, Lausanne, Suisse 2015 FINIS TERRAE Paesaggi/ passaggi, SPAZIO ZERO11- Torre Annunziata, Pompei, Naples, Italie 2013 VIII Shiryaevo Bienniale of Contemporary Art, «Screen: Between Europe And Asia», Samara, Russie 2012 «Slideluck Potshow», Le Bal, Paris 2011-2012 «Éclat de Photographie» Musée Daguerre, Bry-sur-Marne Martial Verdier Image quantique On considère généralement comme ontologiquement nécessaire le calque de la conception théorique de l image sur celle de la peinture et du dessin à partir d une approche de la réalité envisagée comme support et référent d une activité mimétique. pas ne pas exister ou avoir existé. C est en effet la puissance que nous attribuons aux images il faudrait pouvoir dire ici de toute éternité d être une interface entre une présence magnifiée et une absence supposée. C est là le résultat, en effet inévitable, de son traitement par la longue tradition culturelle enchâssant l image dans sa source théologique chrétienne, mais aussi l origine d un aveuglement récurrent chez la plupart des analystes de l image dans ses formes contemporaines. Or, plus qu une arme contre l oubli, l image est un moyen de figurer non tant la présence d une absence ou d un être absent, comme on ne cesse de le ressasser depuis des siècles, que la face cachée de ce sur quoi s appuient nos croyances pour nous permettre de continuer à fonctionner psychiquement. Travaillant à la fois avec les programmes qu offre la technologie contemporaine de l image et avec une technique apparue dans les années qui ont vu la naissance de la photographie, Martial Verdier ne cesse de produire des images qui sont à la fois des photographies et des images mettant en jeu et en scène l envers de toute photographie. Ce qui nous relie aux images, c est une sorte de «foi» ou de «fiance», certains que nous sommes que ce que nous voyons ne peut Cachée, cette face l est doublement, puisqu elle se manifeste de manière implicite dans l image. Elle le fait comme une évidence à cause de notre obsession à vouloir retrouver en chaque image ce que déjà nous savons. Elle reste ainsi non perçue en tant que telle, sauf dans de micro-écarts supposés signifiants et que les mots de la théorie contribuent à recouvrir. Martial Verdier se consacre à tenter de rendre compte de cette autre face de l image. Bien sûr, il le fait en ayant recours aux moyens inhérents à l image photographique, mais en faisant de l écart non pas ce qui se donne à voir dans l image, mais ce qui fait que l image peut et doit être vue autrement. Il nous retire en quelque sorte un peu de notre foi dans les images comme dans la réalité souvent «monstrueuse» des paysages industriels, à laquelle il se consacre, et c est en nous faisant perdre un peu de cette foi que le visible rend perceptible son envers. Paysage industriel, centrale nucléaire, corps en pose longue, chaque image de Martial Verdier s offre comme un rendu, à tendance pictorialiste, de la mise en scène de l état quantique des choses. Et c est dans ce grain si particulier, dans ce traitement des couleurs si fantomatique, dans ces trous mitant la surface «fiable» de l image et anticipant le devenir atome et poussière de toute matière solide et visible, que le ciel se manifeste. 26 27
Jean-Louis Poitevin Sim Eunlog Doctor in philosophy, he is the author of many books and articles on contemporary art and on literature. He writes also fictions and novels. Between 1998 to 2004 he was cultural attaché and director of the French institute in Stuttgart and in Innsbruck. Today he makes conferences in France and abroad, specially in Korea, country where he comes every year since ten years. He write a lot of articles about Korean artists. He makes a private teaching since 2005 on images and posthistory He found the on-line magazine TK-21 LaRevue Last books : Une géométrie incidente, essai sur l œuvre du sculpteur Nicolas Sanhes, ed. Archibook Paris 2015 Le mon Ventoux, récit, édition des vanneaux, 2012 Le génie de la Bastille, une aventure artistique collective, éditions Parimagine, 2012 Boomerang essai sur une aventure artistique, éditions Archibook, Paris 2009 Les nuits sans nom, Roman, éditions La Musardine, Paris 2008 Essai sur l œuvre de Jean- Daniel Berclaz, Paris 2006 Lee Bul, Monsters, Les Presses du Réel, 2002 Le Musée du Point de Vue, éditions de l œil Le Chaos et l Eclat, Bibliothèque Nationale de France, 2001. Photographies J.-C. Ballot Critique d art, curator et professeur invité à la Methodist Théological University Last Curating Contemporary Art : The 11 th Gwangju Biennale Mega-exhibition Curator, the Aisa Culture Center, Gwangju en Corée du Sud, août-nov. 2016 The 7 th Gwangju International Art Fair, International Department Curator, the Aisa Culture Center, Gwangju en Corée du Sud, août 2016 Exposition Sonamou pour la célébration du 130 e anniversaire des relations diplomatiques entre la France et la république de Corée et le 50 e anniversaire de la Cité internationale des arts «Sens Croisés», galerie de la Cité internationale des arts, Paris, oct. 2015 Exposition pour le 70 e anniversaire de l Unesco 3 e réalité, Wang Du et Han Hongsu», Unesco Paris, sept 2015 Recherches : 2008-2011 chercheuse au Centre d études interdisciplinaires des faits religieux (CEIFR) du Centre national de la recherche scientifique (CNRS) 2008-2009 chercheuse postdoctorale à l École des hautes études en sciences sociales (EHESS) Ouvrages récents : La curiosité réductive pour l humain, dialogue avec Suh Yongsun, Corée du Sud, Paju, Kyoyook Book, 2016 Où se situe l art? (Illustrations Daniel Buren), Corée du Sud, Paju, Jammimage, 2015 L art de l ambiguïté, dialogue et promenade avec Lee Ufan, Corée du Sud, Séoul, Hyundae Munhak, 2014 Why Them? Jean-Michel Basquiat, Maurizio Cattelan, Chen Yifei, Peter Doig, Damien Hirst, Martin Kippenberger, Anish Kapoor, Jeff Koons, Richard Prince, Lee Ufan, Zeng Fanzhi, Séoul, Artbooks, 2013 L Île dans ma tête (Illustrations Jean-Michel Othoniel), Corée du Sud, Paju, Jammimage, 2012 Tisser l espace avec la lumière (p. 1951-1957) et Toits du vide et des couleurs (p. 1958-1961), in Daniel Buren, Les Écrits 1965-2012 (volume 2 : 1996-2012), Paris, Flammarion, 2013 30 31
Magiciens du ciel Manifestation des médias techniques plasticiens L exposition «Magiciens du ciel» est un événement d art contemporain pour commémorer le 130 e anniversaire de l ouverture diplomatique entre la France et la Corée. Elle consiste en photographies plasticiennes, vidéos plasticiennes et en une installation technique. En sortant de la fonction informative quotidienne, les médias sur fond d images techniques, déploient dans cette manifestation, le monde nouveau et magique. On peut y percevoir le monde de la lumière et de la transparence des puissances potentielles, différentes des images techniques, voilées quotidiennement par l usage avide et pragmatique. Les sujets qui réalisent et inventent ce genre de monde seraient nommés «magiciens du ciel» plutôt que «magiciens de la terre». On se souvient d une grande exposition «Magiciens de la terre» qui a eu lieu en 1989 à Paris. Elle avait tenté de représenter l art traditionnel, dispersé dans le monde entier, et le travail de l artiste contemporain dans le même lieu, comme l espace-temps de l exposition. Ce genre d essai pour communiquer entre passé et présent à travers la culture plasticienne a changé, dans «Magiciens du ciel» en 2016, sa nature comme la possibilité de communiquer entre le présent et le futur. Le point central de cette manifestation est l invention du langage plasticien; le point essentiel est la possibilité vitale de la communication entre le monde et l homme, par l intermédiaire des médias techniques, au lieu d une communication, vaine et vide, interindividuelle dans le monde humain actuel. Dans ce contexte, les «Magiciens du ciel» peuvent, d une part, correspondre aux «Magiciens de la terre» et d autre part, être en contrastes comme le ciel et la terre. Les Magiciens de la terre seraient représentés généralement par les peintres qui créent les «images traditionnelles». Leur magie de la technique d expression picturale prouve la créativité individuelle, la communication et la valorisation. On trouve l «habileté magique de la description» ou l «idée extraordinaire pour le motif». Je crois qu un bon exemple est celui de La Joconde de Léonard de Vinci pour illustrer le premier cas et pour le dernier, on peut citer la peinture de la goutte d eau du peintre coréen Kim Tscheng-Yeul. Dans le domaine de l histoire de la peinture orientale, on peut citer Pa-Ta-Shan-Jen, Chou-sa et Hokusai. On ne doit pas négliger les Mandalas tibétains et la miniature indienne et islamique. Ainsi, les Magiciens de la terre sont les sujets qui construisent l histoire plasticienne de la terre. Ce monde s ouvre par le geste de la main et s achève par le rapport analogique avec l instrument. C est-à-dire la construction par la méthode analogique et l instrument. Les Magiciens du ciel travaillent avec l «image technique» au lieu de l «image traditionnelle». Ils veulent affronter la technologie aliénée, différente de la culture, de la littérature et des sciences humains pour réaliser le fusionnement de ce premier au dernier. Depuis longtemps nous avons déjà regardé l «humanisation des machines» de Nam June Paik qui travaillait avec l image technique de la vidéo. Il mériterait d être nommé le «premier Magicien du ciel». Malgré le commencement, qui signifie déjà la moitié du parcours vers l achèvement, nous constatons la difficulté et l angoisse chez lui de la nouvelle invention et la réalisation de l ouverture de la première page de «l histoire plasticienne du ciel» qui veut se dérouler parallèlement à «l histoire plasticienne de la terre». C est absurde de comparer le travail en vidéo de Nam June Paik à la peinture de Park Soo-Geun. Il est nécessaire de comprendre la différence entre «l image traditionnelle» (la terre/ le territoire/ la rue/ le pinceau/ la toile) et «l image technique» (l univers/ le ciel/ la TV/ la caméra/ l appareil). Le cas de Baek JungKi dans «Magiciens du ciel» serait un très bon exemple. Baek JungKi, magicien du ciel vidéaste, commence à se promener sur une bicyclette bricolée par lui-même, à Séoul et en province dès 2008. Contrairement à la bicyclette «ready made» de Marcel Duchamp, qui était immobile, celle-ci lui permet de circuler librement et dynamiquement dans les rues de la ville. Sa bicyclette est équipée d une caméra qui filme à 360 et il montre aux spectateurs une ville tordue et déformée, telle des viscères. Ces images filmées nous donnent aussi l impression d une échographie de la ville moderne. On peut constater une impression irréelle et fantomatique dans l autre vidéo, qui montre différentes scènes urbaines mais désertées par les hommes et les transports, dont les images ont disparu par effacement technique. Hors de l usage du pinceau, de la couleur et de la toile, Baek JungKi a réalisé et inventé un langage plasticien en tant que tournage échographique de la ville actuelle en Corée, par des moyens simples et accessibles : la bicyclette, la caméra 360 et l intervention technique personnelle. Il y a une différence du mode de communication entre l «histoire plasticienne de la terre» et l «histoire plasticienne du ciel» Le premier mode peut être exposé sur les murs analogiques de la galerie et du musée tandis que le second peut être transféré et communiqué par l écran technique. Ce dernier nous autorise aussi à communiquer à travers la paume humaine, comme lorsqu on regarde le ciel se refléter sur la surface de l eau amassée dans celle-ci. Ainsi, la réalité géographique des murs ne pourrait pas couvrir l écran vivant de notre paume. L autre magicien du ciel Unzi Kim nous donne la chance de rencontrer sa réalisation et son invention. Sa vidéo-sculpture dont le motif est le visage d une jeune femme coréenne est l installation plasticienne qui crée la possibilité d une fusion de l espace analogique de l exposition avec l espace digital avec notre regard en méditation. La présence de cette femme, illuminée dans la salle sombre, changeant discrètement d expression, nous suggère sa visite provisoire dans ce monde, bien qu elle vienne d un monde au-delà. Unzi Kim projette l image de cette femme derrière un masque mortuaire pour que l on puisse réellement sentir son visage. Quant à l installation plasticienne, c est le meilleur choix quand on visite l exposition et qu on réfléchit à l aspect esthétique sur place. Toutes les informations sur le travail d installation, qui remplacent le contact réel montrent la limite de la conceptualisation. Ainsi, l installation des images techniques révèle qu il y a une affinité de caractère entre la «magie du ciel» et l «événement du ciel» La réalité imaginaire par le concept construit le monde culturel de la littérature et des sciences humaines tandis que l autre réalité par le concept est la réalité technique produite par la théorie de la science. L exposition «Magiciens du ciel» veut donner l occasion d imaginer le monde magique par des phénomènes techniques. On n oublie pas l image photographique parmi les divers mécanismes pour la communication informatique. Dans «Magiciens du ciel», on peut constater que les trois sortes de mécanismes photographiques sont réalisées en l état plasticien. La radiographie traitée principalement dans un but médical, change de nature pour devenir élément plasticien. C est le travail opéré par Xavier Lucchesi depuis plus de vingt ans. Ce magicien du ciel a suspendu les pellicules radiographiques de la moto au plafond de la salle de l exposition. Il a aussi installé la radiographie d un homme debout dans la vitrine de la galerie. L image photographique imprimée sur le papier nous fait associer la forme représentative de l objet à photographier par le mécanisme de reflet de la surface tandis que l état négatif des pellicules radiographiques nous donne l occasion de réfléchir à l existence de l objet et à sa structure à cause du dispositif transparent et traversant de la lumière. Comme le médecin qui réfléchit à la maladie en observant la radiographie, les spectateurs peuvent réfléchir à l existence et à la structure de la moto et de l homme debout. Mais le regard du spectateur habitué au message représentatif de l image photographique, pourrait ressentir une confusion. Les pellicules installées ne sont que les intermédiaires entre l espace réel et l absence de l objet à radiographier. Sa fonction est hors de la représentation informative sur le motif. Dans cette circonstance, la lumière sur place peut activer l imagination et le raisonnement des spectateurs comme un autre passage d un rayon X. Quant à l homme debout dans la vitrine, on pourrait concevoir une conscience d auto-allusion étrange. Ce corps radiographié qui n est pas le notre en l état pourrait pourtant l être ou le sera peut-être un jour La nature représentative de l image positive permet l identification de l image à l objet. Le potentiel qui peut transformer le pragmatisme du rayon X en plasticisme radiographique vise une expérience perceptuelle sur l immatériel et l invisible. C est la tendance générale choisie par les «Magiciens du ciel». 32 Les calotypes de Martial Verdier sont une ancienne technique datant de l époque de l invention photographique dans les années 1840. Les photographes qui n étaient pas satisfaits par l unique exemplaire produit par le daguerréotype avaient commencé à chercher une nouvelle technique de reproduction. Ce fut le calotype produit à partir du papier traité par des solutions argentiques. 33
Malgré les défauts de cette méthode, comme la longue durée d exposition due à la basse sensibilité du papier et le degré très bas de la clarté de l image, on pouvait quand même obtenir des résultats esthétiques grâce à la texture de la surface et la couleur sépia. On avait enfin trouvé la solution pour multiplier les images. Martial Verdier retrouve cette méthode du calotype enfouie dans l histoire et la relie au travail photo plasticien. Ses photos plasticiennes évoquent les scènes vues à travers une fenêtre couverte de tâches et de poussières. L image calotypée d une centrale nucléaire en France est un bon exemple de réalisation photo plasticienne à propos de la gravité problématique de la pollution de l énergie nucléaire. Cette centrale nucléaire fonctionne réellement, mais son image, avec cette texture calotypée nous donne l impression qu elle est en ruines. Les photo plasticiennes de Chong Jae-Kyoo pour les «Magiciens du ciel» sont déroulées autour d images imprimées. Ce sont des images du Télérama «hors série-picasso» paru pour le 30 e anniversaire de l ouverture du musée Picasso et celles du carton d invitation de l exposition du peintre abstrait, Didier Lambert. Elles présentent la nature photo plasticienne grâce à la réinterprétation et au recyclage des médias. Dans l art contemporain, on peut facilement trouver la production plastique des objets quotidiens et des images imprimées. Cette tendance est surtout fréquente dans le travail du pop artiste. L approche de Chong Jae-Kyoo se différencie de ce courant par la réinterprétation de l image 한불수교 130 주년기념전시미디어조형기획전 하늘의마법사들 정재규 ( 조형사진가 ) (1) 한불수교 130 주년기념이벤트가운데하나인 하늘의마법사들 전시는조형사진, 조형비디오, 조형설치작업으로구성되는미디어조형기획전이다. 기술적이미지를바탕으로한미디어들이일상의정보소통기능을벗어나서새롭고마술적인세계를펼쳐보이고있다. 실용주의적탐욕에가려져있는기술미디어들의다양한잠재력이 빛과투명성에대한직관 의세계로지각체험된다. 이와같은세계를연출 34 imprimée et son recyclage en photo plasticienne. Il découpe l image trouvée dans le magazine ou du carton d invitation pour recomposer l aspect plasticien ou pour tisser l image découpée avec le papier kraft. Le temps transforme l image du média en simple matière papier. Les pages des magazines et les cartons d invitation finiront donc toujours à la poubelle. Les images imprimées accumulées dans la circulation de la consommation informatique, Chong Jae-Kyoo les considère comme des objets qui motivent un recyclage plasticien. Il espère que ce geste plasticien de recyclage, devienne si possible, un mouvement social et collectif. Le recyclage de la matière des papiers imprimés se confronte au recyclage plasticien des images imprimées. L approche plasticienne à travers l image imprimée nous aidera à éveiller la conscience de la «culture de la photographie» et la compréhension de celle-ci. La communication informatique, par le Smartphone tenu dans la paume, et la production plasticienne, par le tissage de l image découpée dans le journal et le magazine, seront possibles à réaliser et s harmoniseront par la même main humaine. Le Mythographe de Daphné Nan Le Sergent nous propose un sujet comme «le mythe et la réalité de l information» parmi les «Magiciens du ciel». À travers l eau, le feu, l air et la terre, elle montre la perception et le mécanisme de l information débordante du monde actuel par la «notion de l information froide et chaude». Dans ce contexte, nous allons percevoir la vitesse mécanique de la vidéo comme celle du déroulement du mythe. C est la raison pour laquelle l écran de Daphné Nan Le Sergent devient la «magie du ciel» 하고발명하는주체는 지구의마술사들 이라기보다는 하늘의마법사들 이라고부를수있을것이다. (2) 우리들은 1989 년프랑스파리에서개최된 지구의마술사들 전시를기억한다. 전지구상에분산되어있는전통적인조형과현대조형가들의작업이한시공간에서공존할수있는가능성이시도되고있었다. 조형문화를통한과거와현 Magiciens du ciel par Chong Jae-Kyoo (photo plasticien) 재의소통에대한이같은시도는 2016 년의미디어조형기획전 하늘의마법사들 에서는현재와미래에대한소통가능성으로바꿔진다. 아울러조형문화의잠재력으로서기술미디어에대한조형언어화가소통의중심을이루고있다. 인간끼리맴도는헛소통이아니라기술미디어를매개로한세계와인간의생동하는소통가능성이쟁점을이룬다. 하늘의마법사들 은 지구의마술사들 과조응되면서도대칭을이룬다. (3) 지구의마술사들 은 전통적이미지 를제작하는화가들이대표적이다. 표현기술의마술성으로개인의창의력은실증되고전달되며가치화된다. 귀신같은묘사력 이나 기상천외의아이디어 가번쩍인다. 재현적인사실기법에의한캔버스작품이지만다빈치의 모나리자 와김창렬의 물방울 은전자와후자을대표할수있다고여긴다. 동양화의경우우리는팔대산인과추사그리고호쿠사이를쉽게떠올릴수있다. 티베트의만다라, 인도와이슬람의세밀화역시빠뜨릴수없다. 이렇듯 지구의마술사들 은 지구의미술사 구축의주체들이다. 세계는 손의행위 로열려지는세계이며 도구와의아날로그 관계로성취되는세계이다. 즉아날로그적인기법과도구로설립된다. (4) 하늘의마법사들 은 전통적이미지 대신 기술적이미지 로작업한다. 문학적이며인문사회적문화와차별화되고소외시되고있는기술테크놀로지를기존문화와의잠재적인융해가능성으로정면직시하고자한다. 우리는일찍이비디오의 기술적이미지 로작업한백남준의 기계의인간화 작업을쭉보아왔다. 그는분명 하늘의마법사제 1 호 에버금간다. 시작이반이라지만새로운발명과연출을위한시련과고뇌는 지구의미술사 와함께가고자하는 하늘의미술사 의첫장을여는데도예외가아님을확인한다. 박수근의유화작품과백남준의비디오작품을단순히경매가격의수치로비교해서는곤란하다. 지구 / 땅 / 거리 / 화필 / 캔버스에서생성된 전통적이미지 와우주 / 하늘 /TV/ 카메라 / 모니터에서생성된 기계적이미지 와의차이와조형적소통가능에대한이해가필요하다. 하늘의마법사들 기획전에선보이는백정기의작업이우선좋은보기가된다. (5) 하늘의마법사 비디오작가백정기는 2008 년부터수년간스스로만든자전거로서울과지방도시을두루산책하고있었다. 부동속에서영원한침묵의주행을하고있는마르셀뒤샹의자전거바퀴레이디메이드와대칭을이룬듯백정기는도시의거리를직접완주한다. 360 곡면카메라가여러개장착된그의자전거주행은행위된만큼외곡된거리장면이도시 의내장처럼관객의시선에펼쳐진다. 곡면촬영에의한사진이미지들은 현대도시의에코그라피 에해당되는듯하다. 자동차와인물을빼버린도시환경비디오시리즈역시 현대도시의에코그라피 촬영의인상을준다. 백정기는붓도물감도그리고캔버스도아닌실물의자전거와쉽게구입할수있는 360 곡면카메라그리고컴퓨터의이미지조작기술을바탕으로 현대도시의내장촬영 - 에코그라피 라고볼수있는조형언어를연출하고발명했다. 지구의미술사 가화랑과미술관의아날로그적인벽면을통해서회통된다면 하늘의미술사 는스크린을통해서전달되고소통되는차이가우선있다. 손바닥에담긴물표면에하늘이비춰질수있듯이그소통은이제손바닥속에서도가능하다. 벽면의지리적현실이스마트폰의생생한손바닥스크린을덮어버릴수는없을것이다. (6) 하늘의마법사 김형기의연출과발명을전시장에서만나는행운을얻게된다. 한국여성의얼굴을모티브로제작된그의비디오인물조각은아날로그한전시현장공간과디지털화된가상공간사이의차이를명상성으로융해시킬수있는조형설치이기도하다. 어두운실내공간속에서밝게비치면서은밀히표정을이어가고있는이여인은가상세계의저쪽에서이쪽현장세계를잠시방문한사태로여겨진다. 김형기는그실감을느끼게하기위해서여인의 3 차원마스크리어스크린을제작하여그후면에서얼굴영상을투사하는방식을보여준다. 설치작업은직접현장을방문해서각자느끼고사유하는방식이최선의선택일것이다. 현장방문이현실화될수없는경우를대신한모든정보는결국문자에의한개념의한계이다. 이렇듯 기계적이미지 의현장설치는 하늘의마법 을 하늘의사건 과상통하는성격을지니게한다. 개념에위한상상적현실이인문사회적이며문학적문화세계를형성하고있다면개념에의한또다른현실화가과학이론에의해제작된기계적현실이다. 하늘의마법사들 은 기계적현상 에의한상상의계기를열고자한다. (7) 정보소통을위한여러가지시각메카니즘가운데서사진이미지를빠뜨릴 수없다. 하늘의마법사들 전시에서우리들은세가지종류의사진메카니즘들이조형화되고있음을확인할수있다. 주로의학용으로개발되어사용되어온 X 레이사진은그자비에루케치의 20년넘는조형사진적변용작업을거치는중이다. 하늘의마법사 로서그는오토바이의 X 레이필름을전시장입구의천정코너에드리워지게설치하거나전시진열창속에는서있는포즈의인물전신상 X 레이필름을설치하 35