: La Musica Deuxième Agatha I. : (Marguerite Duras),. réécriture.,.,.,
132.,. Le seul sujet du livre c est l écriture. L écriture, c est moi. Donc moi, c est le livre. 1).,.,. texte théa tre film India Song,.,,. (hybridité), (dramaturgie). 2),,., Moderato Cantabile. - (Perrissin-Fabert). Avec Moderato Cantabile, l écriture de Duras devient austère, dépouillée, sobre, 1) «Ils n ont pas trouvé de raisons de me le refuser», propos recueillis par Marianne Alphant, Libération, 13 novembre 1984. 2) Yes peut-e tre Le Shaga (1968 ), Les Eaux et fore ts (1976 ), La Musica (1976 /1978 ), Savannah Bay (1983 ), : < L Homme Atlantique> < L Homme Assis dans le couloir> (1984 ), La Musica Deuxième (1985 ).
133 mesurée. Les descriptions sont rares, l entrée dans l intrigue est directe, sans préambule classique. La rapidité et la liberté d aller droit au but sont encore des signes d une nouvelle écriture chez Duras. Les phrases deviennent des répliques de théa tre. 3),,,,.,... (Dominique Noguez) l irruption du théa tral dans le romanesque 4),. (Hélène Cixous) l art de pauvreté 5),.,, ( 短文 ),,,,. 1956 Le Square, 3) Odile Perrissin-Fabert, Littérature et Théa tre : Marguerite Duras et August Strindberg, dans Les Lectures de Marguerite Duras, textes rassemblés par Alexandre Saemmer et Stéphane Patrice, Presses Universitaires de Lyon, 2005, p. 77. 4) Dominique Noguez, La gloire des mots, dans L Arc n 98, Arnaud Rykner Théa tres du Nouveau Roman-Sarraute Pinget Duras (Paris, José Corti, 1988, p. 143). 5) Ce que Marguerite Duras invente, c est ce que j appellerai : l art de la pauvreté. (...) elle dépouille de plus en plus, elle met de moins en moins de décor, d ameublement, d objets, et alors c est tellement pauvre qu à la fin quelque chose s inscrit, reste, et puis ramasse, rassemble tout ce qui ne veut pas mourir, Hélène Cixous, A propos de Marguerite Duras, dans Cahiers Renaud-Barrault, n 89, Théa tres du Nouveau Roman(Ibid., p. 142).
134 1980. Agatha (1981 ), Savannah Bay (1983 ), La Musica Deuxième (1985 ),.,,. c est au théa tre que, à partir du manque, on donne tout à voir 6), - le non-voir du théa tre, c est son immensité 7). (Samuel Beckett),.,. ( ), ( ), (spectacle),. mise en scène mise en littérature 8).,. Lui 6) Marie-Pierre Fernandes, Travailler avec Duras-La Musica Deuxième, Paris, Gallimard, 1986, p. 13. 7) Gilles Constaz, La cérémonie de la passion, dans Magazine littéraire, numéro 452, avril 2006, p. 58. 8) La Musica Deuxième (Marguerite Duras-Auteur / Marguerite Duras-Metteur en scène), FR3, 1985 3 1. http://fresques.ina.fr/en-scenes/impression/fiche-me dia/scenes00219/marguerite-duras-sur-la-musica-deuxieme.html
135 Elle 2,.,,.,,. 1, 2, 3.,.. Je vous aime d un désir absolu 9),.,.. -,. -,. -. 9) Marguerite Duras, India Song, Paris, Gallimard, collection L Imaginaire, 1973, p. 39.
136 -,. - (vouvoiement), (tutoiement). -,.,.,, mort-debout 10).,.,,., -.,,. ELLE : Rien n est plus fini que ça... de toutes les choses finies. LUI, après une hésitation : Si nous étions morts quand me me... La mort comprise, vous croyez? Il sourit. Elle ne sourit pas. ELLE : Je ne sais pas... Mais peut-e tre, oui, la mort comprise. 11) :.... ( ) :...?.. :...,,. 10) Marguerite Duras, La Musica Deuxième, Paris, Gallimard, 1985, p. 17. 11) Ibid., p. 20.
137, adultère,.,,.,. ELLE : Regarde-moi, je suis la seule qui te soit désormais interdite. 12) :,. (vouvoiement),,, (tutoiement)., Le retour au tutoiement est un retour au désir 13).,. LUI (épouvanté) : Ne pars pas. Ne pars pas... 14) ( ) :.... LUI : Je ne peux pas te quitter. 15) :. LUI : Je veux une histoire avec toi. / Je veux ça. / Vivre avec toi. Une histoire avec toi. Partir avec toi. / Enfermé avec toi dans une maison. Je veux ça. / C est ça. Je veux ça. 16) :. /. /... / 12) Marguerite Duras, La Musica, dans Théa tre I, Paris, Gallimard, 1965, p.1 70. La Musica Deuxième. 13) La Musica Deuxième, op., cit., p. 69. 14) Ibid., p. 57. 15) Ibid., p. 58. 16) Ibid., p. 82.
138.. /..,.,. Elle parai trait plus libre que lui, plus oublieuse du détail de la souffrance, de l enfer, de leurs torts réciproques. En me me temps elle serait moins oublieuse de l essentiel. (...) Lui est encore jeune dans la souffrance, il se débat, il veut l arracher de sa vie, il doit croire encore un peu au bonheur. (...) Lui est plus exposé à la souffrance. 17),.. (...),,,. (...). (repos) 1 2., 1 1965, 2 20 1985., 1 < I>, 2 < II> 18)., < I>. - - - -.. 17) Ibid., pp. 95-96. 18) Maintenant, elle [La Musica] se prolonge en un deuxième acte qui pourrait également s appeler La Musica II. Pour faire que désormais ces deux actes soient inséparables, j ai décidé de les appeler ensemble, en toutes lettres : La Musica Deuxième, Ibid., p. 96.
139 LUI rester recommencer mourir désir parler faire amour se regarder s approcher se montrer passé mémoire ELLE partir finir vivre interdit se taire e tre enfer se détourner s eloigner se cacher présent oubli, < II>. 20. 1965,. Je trouvais que la première partie[la Musica / La Musica I] n allait pas très loin. Il y avait beaucoup de répliques, (...) c est-à-dire une manière d avancer de questions en réponses. Une certaine linéarité... 19) 1.,.... (...) il y a une comédie tragique dans la Musica I et une véritable tragédie dans la Musica II. 20) 19) Travailler avec Duras, op., cit., pp. 16-17.
140 < I> < II>. < II>,. 1,. LUI : Tu est venue pour quoi? ELLE : Pour te revoir, comme toi tu es venu pour me revoir. Et aussi pour savoir. (Un temps.) Maintenant je sais que je t aimerai toujours comme je sais que tu m aimeras toujours. (Un temps.) Et ça je le sais pour nous deux. 21) :? :... ( ). ( )..,,, 22).,., ( [...]durant le temps qu il nous resterait à vivre, il nous faudrait essayer de tenir te te à la mort. 23), ).,.,. 20) Ibid., p. 169. 21) La Musica Deuxième, op., cit., pp. 85-86. 22) C est ça, l amour fou, c est ce qu ils éprouvent l un pour l autre. (...) Ils ne sont jamais dans le quotidien de la passion. Ce n est pas vivable, jamais, un amour pareil... il n y a que la mort qui puisse l assouvir..., Travailler avec Duras, op., cit., p. 138. 23) La Musica Deuxième, op., cit., p. 93.
141 -.,,., -. Ils[frère et soeur] sont du me me sang. Ils sont les me mes. Ils sont donc inséparables, puisque c est comme un me me corps, c est ça que j appelle le bonheur, et qui est recherché constamment et toujours à travers les tentatives de tous les amants. 24) [ ]..,,,. Un barrage contre le Pacifique (1950 ),. Toute ma vie passionnelle, amoureuse, sexuelle a dépendu de cet amour qu il y avait entre mon frère et moi. 25),, ( 性 ).,.,. 24) Marguerite Duras à Montréal, textes réunis et présentés par Suzanne Lamy et André Roy, Montréal, Editions Spirale, 1981, p. 52. 25) Rodolphe Kobuszewski, Marguerite Duras ou la recherche du bonheur, Editions le Manuscrit, 2004, p. 214.
142 ELLE : Nous avons toujours parlé de partir, toujours il me semble, quand nous étions des enfants déjà. Il se trouve que je suis celle qui le fera. 26) :,.. la force si terrible de cet amour que nous avons l un de l autre 27),. LUI : (...) Ainsi vous e tes venue pour m avertir de ces décisions que vous avez prises loin de moi pour faire cette interdiction plus interdite encore. ELLE : Oui. Plus dangereuse, plus redoutée, plus redoutable, plus effrayante, plus inconnue, maudite, insensée, intolérable, au plus près de l intolérable, au plus près de cet amour. 28) : (...). :.,,,,,,,,,. -,.,.,. 26) Marguerite Duras, Agatha, Paris, Les Editions de Minuit, 1981, p. 8. 27) Ibid., p. 12. 28) Ibid., p. 42.
143,. LUI : Tu pars pour aimer toujours? ELLE (lent) : Je pars pour aimer toujours dans cette douleur adorable de ne jamais te tenir, de ne jamais pouvoir faire que cet amour nous laisse pour morts. 29) :? ( ) :,.,. changement partir de rester cependant dans cet amour 30)..,. ELLE : Oui. Je pars pour vous fuir et afin que vous veniez me rejoindre là me me, dans la fuite de vous, alors je partirai toujours de là où vous serez. (Un temps.) Nous n avons pas d autre choix que celui-là. 31) :.,,. ( ). 29) Ibid., p. 19. 30) Ibid., p. 36. 31) Ibid., p. 59.
144 vous tu.,..,.,.,. LUI : Nous ne le savions pas... elle[la mère] écoutait... elle écoutait nos conversations sur Agatha. (...) Elle entendait de me me par la suite ce vouvoiement soudain entre ses enfants. ELLE : Nous avions décidé de nous vouvoyer après ce jour de juillet, rappelezvous... ce me me soir. LUI : En manière de jeu, disions-nous, et les gens s en amusaient... sauf elle peut-e tre, cette mère charmante maintenant morte... cette femme... notre amour. 32) :....... (...). :,.... :,,...,.......??, (Robert Musil) Der Mann ohne Eigenschaften ( L Homme sans qualités) (1930 32) Ibid., p. 65.
145-1933 ). 2, (Ulrich) (Agathe)., (Diotima), (Ulrich Heimer) 33). 1, (Platon) < > (Socrates).,,.,, -. LUI : Agatha. Silence. De me me elle répond, les yeux fermés. ELLE : Oui. Je me suis appelée pour la première fois, et de ce nom. Celle que je voyais dans la glace je l ai appelée comme vous le faisiez, comme vous le faites encore, avec cette insistance sur la dernière syllabe. Vous disiez : Agatha, Agatha. Je vous aime comme il n est pas possible d aimer. 34) :... :.,..,,..,.. 33) Ibid., pp. 62-63. 34) Ibid., p. 30.
146 (intertextualité),., (Paul) 35). Agatha c est moi 36). Agatha ou les lectures illimitées (1981 ), (Yann Andréa)., (Alexandra Saemmer) 37). - -, - -. (plurivocalité) 38),?. ( Je vous aime - A qui avez-vous parlé? - Je ne sais pas à qui je parle 39) ),,, 35) De ce grand roman de Robert Musil «une des plus grandes lectures que j aie jamais faites» dira-t-elle, Marguerite Duras a retenu surtout les amours incestueuses du narrateur, Ulrich, et de sa sœur Agathe, qui lui font revivre la passion qu elle a éprouvée pour son frère Paul, dit «le petit frère», Le Livre Dit : Entretien de Duras filme, Édition établie, présentée et annotée par Joëlle Pagès-Pindon, Paris, Gallimard, 2014, pp. 17-18. 36) Ibid., p.11. 37) Le nombre de personnages sur la scène d Agatha ne se réduit pas à deux, Alexandra Saemmer, Conversation sacrée entre Marguerite Duras et Robert Musil, dans Duras, Femme du siècle, édité par Stella Harvey et Kate Ince, Amsterdam, Rodopi, 2001, p. 294. 38) Alexsandra Saemmer, Duras et Musil - Dro le de couple? Dro le d inceste?, Editions Rodopi B.V., Amsterdam-New York, 2002, p. 39. 39) Agatha, op., cit., p. 20.
147.,,,. ELLE : Elle a dit encore : Vous avez de la chance de vivre un amour inaltérable et vous aurez un jour celle d en mourir. 40) :...,,. Michel Nollet - Anne-Marie Roche,.,,.,,.,..,.,. 40) Ibid., p. 67.
148,.,..,, L enfer les derniers mois 41).,,. ( - - - ),.,.,.. LUI : Je croyais que lorsque tu serais morte j arre terais de souffrir. 42) :.,,,. ELLE : Dans n importe lequel je croyais qu il y avait quelque chose de notre amour à nous qui s était perdu et que je retrouverai comme ça, par 41) La Musica Deuxième, op., cit., pp. 30-31. 42) Ibid., p. 80.
149 n importe qui, simplement par la chaleur de la peau la première fois. 43) :,,,.,.??,. LUI : Je n ai jamais su... ce qui s est passé quand vous e tes allée à Paris... Le récit que vous m en avez fait alors était, je suppose, faux... ELLE : Vous n auriez pas supporté la vérité. Maintenant, avec l éloignement, vous pensez peut-e tre le contraire mais vous ne l auriez pas supportée. 44) :......,. :.,. ELLE : Vous inventez, vous avez toujours inventé. Ça vous plai t ça. Vous avez toujours fait mon histoire à vous seul. Toujours. 45) :,...., (Rykner) (reconstruire) (inventer). 46), 43) Ibid., p. 89. 44) Ibid., p. 42. 45) Ibid., p. 74. 46) Car se souvenir c est inventer le passé et non le reconstruire, Arnaud Rykner, Théa tres du Nouveau Roman, op., cit., p. 150.
150., un fait divers, une fiction 47),.,.,.,. LUI : Du désir il y a ou un oubli total, ou une mémoire totale... aucune ombre. (...) ELLE : (...) c est une mémoire nue. Un oubli pareil. Sans passage entre les deux choses. 48) :.... :...,. J ai oublié notre histoire La douleur j ai oublié 49),.,.,,., L oubli c est la vraie mémoire 50)., 47) La Musica Deuxième, op., cit., p. 81. 48) Ibid., p.85. 49) Ibid., p.84. 50) Marguerite Duras, Le Camion suivi de Entretien avec Michelle Porte, Paris, Les Editions de Minuit, 1977, p.107.
151.,.. 10 10 17 12 / 19 15 / ( )/ 23 18 / 20?,,. ( [ ] je ne sais pas encore nommer ce désir que j ai de les[les yeux sous les paupières fermées] toucher avec mes mains 51) ),., ( Ces histoires nous les avons écrites 52) ). (Loire), (Brahms) - -,. 51) Agatha, op., cit., p. 15. 52) Ibid., p. 63.
152 ELLE : (...) Je me voyais dans une glace en train d écouter mon frère jouer pour moi seule au monde et je lui ai donné toute la musique à jamais et je me suis vue emportée dans le bonheur de lui ressembler tant qu il en était de nos vies comme coulait ce fleuve ensemble, là, dans la glace, oui, c était ça... et puis ensuite une bru lure du corps s est montrée à moi. (temps) J ai perdu la connaissance de vivre pendant quelques secondes. 53) : (...),,,,.... ( )., /.,.,..., cloison sonore. chambre hallucinatoire 54).,.,., 3. LUI : Je rentre dans la chambre hallucinatoire. (temps) Je crois elle dort. (temps) 53) Ibid., pp. 29-30. 54) Ibid., p. 47.
153 ELLE : Elle ne dort pas. LUI : Je la regarde. Le sait-elle? ELLE : Elle le sait. LUI : Elle ne sait pas qui c est, peut-e tre? ELLE : Si, elle connaissait le son de votre pas. Elle savait qui avançait dans la chambre. 55) :. ( ). ( ) :. :.? :. :? :,..,.,,.,.,,.,. LUI : J ai dit votre nom d enfant. (temps) Vous avez pleuré. (temps) Vous m avez demandé de vous pardonner. 56) :. ( ). ( ). 55) Ibid., pp. 47-48. 56) Ibid., p. 55.
154 il y avait sur votre maillot blanc une légère tache de sang 57),,. ELLE : Je me souviens mieux du regard de mon frère sur le corps nu que de ce qui avait eu lieu la veille, cette mort que vous dites, qui laissait pour morte votre soeur Agatha. 58) :.,.,.,.,.,., Vous inventez 59). (,... Agatha, Agatha tu exagère... 60) ),?,,?, 57) Ibid. 58) Ibid., p. 51. 59) Ibid., p. 28. 60) Ibid., p. 29.
155?. Quelquefois je crois que c'est Agatha qui a tout inventé, l'amour du frère, le frère, tout, le monde. Je pense que c'est Agatha qui a découvert l'inceste, lui ne l'aurait pas fait, il n'était pas capable de le découvrir. C'est là la force incommensurable de cette petite fille, Agatha. Elle a découvert qu'ils s'aimaient. Agatha et son frère sont dans le martyre d'être à l'abri de la fin de l'amour, c'est ce que j'appelle le bonheur. 61),.,,,....,..,.,,.,. LUI : Cet été était-il aussi beau que nous le disons? ELLE : Oui, c était un été admirable. Le souvenir en est plus fort que nous qui le portons... que vous, que vous et moi ensemble devant lui... 62) :? :,....,...,.,,., 61) Marguerite Duras, Le Monde extérieur - Outside 2, Paris, P.O.L., 1993, p. 11. 62) Agatha, op., cit., p. 67.
156.. (Maurice Blanchot) La douleur du dialogue, 63). La crainte de blesser et la peur d être blessé sont dans les paroles mêmes. Elles se touchent, elles se retirent au moindre contact un peu vif : elles sont encore vivantes assurément. Lentes, mais ininterrompues et ne s arrêtant pas par crainte de manquer de temps : il faut parler maintenant ou jamais ; toutefois sans hâte, patientes et sur la défensive, calmes aussi, comme est calme la parole qui, si elle ne se retenait pas, se briserait dans un cri ; et privées, à un point douloureux, de cette facilité du bavardage qui est la légèreté et la liberté d un certain bonheur. 64)., :., : ;,,, ;.,, 2., 63) 1955, I Théa tre I (Paris, Gallimard, 1965). 64) Maurice Blanchot, La douleur du dialogue, dans Le Livre à venir, Paris, Gallimard, collection folio/essais, 1959, p. 208.
157.,,. 1980., 1965 -.. Tout se voit. A travers des riens presque inisaisissables, un geste de la main, une façon de s accouder, de se lever, de s asseoir, de se relever, des façons de faire jamais pareilles, de crier à travers les mots pluto t qu à travers la voix, de se perdre dans l émotion, de faire croire qu on en revient, de faire croire que peut-e tre on se trompe. De toujours faire croire qu on est prisonnière d une règle qui vous porte à chaque instant vers l inconnu. Et qu à la seconde me me où vous alliez mourir de ne pas savoir quoi, cet inconnu s éclairait. 65).,,,,,,,..,. (cérémonie),., 1965.. 65) La Musica Deuxième, op., cit., p. 12.
158 < > < > 10 - ( ) - - - - - 1 2 - < > 2 + + + + + + + + x 3,., ( < I>), (< II>).,.,.,. (? Pourquoi ne pas nous parler? ), (? Pouquoi nous parler? 66) )
159. pour sortir de la ge ne 67) ), meubler le silence 68) Ton désinvolte, faux 69). < I>, < II>. < II>.. On peut supposer qu ils ont beaucoup parlé avant que nous les voyions. 70).,.,,.,. LUI : C est peut-e tre maintenant qu on va se tuer. ELLE : Peut-e tre. (Doux, banal) Qu est-ce que ça peut faire? LUI : Rien. Silence. 71) :. :. (, )? 66) Ibid., p. 20. 67) Ibid., p. 21. 68) Ibid., p. 24. 69) Ibid., p. 22. 70) Agatha, op., cit., p. 7. 71) La Musica Deuxième, op., cit., p. 70.
160 :.. LUI : Je vais mourir. ELLE : Mourez. LUI : Oui. Temps. 72) :. :. :.. 2,,. non-dit. les mots gagnés sur le silence 73),.,.,.,.. ELLE : A ce point-là ça ne doit arriver qu une fois par existence, vous ne croyez pas? LUI : Quoi? 72) Agatha, op., cit., p. 41. 73) Arnaud Rykner, Théa tres du Nouveau Roman, op., cit., p. 153.
161 La réponse devrait e tre : Un amour pareil. ELLE : Un enfer pareil. 74) :,? :?. :. ELLE, rit : (...) On ne reculait devant rien rien... pour un oui, pour un non, on se payait des nuits d insomnie, des scènes... des scènes... du drame... Rires. LUI : Du crime. Elle hésite et avoue. ELLE : Et encore autre chose... Allusion à une tentative de suicide. 75) ( ) : (...)...,,....... :.. :.... Raides, ils sont raides, les yeux fermés, récitants imbéciles de leur passion. 76),,. LUI : Ecoutez, je dis ça. Je dis : On nous a mariés dans les années d après. Tout a été recouvert. Temps long. Allusion à ce qui s est passé entre Agatha et son frère pendant la 74) La Musica Deuxième, op., cit., p. 31. 75) Ibid., p. 38. 76) Agatha, op., cit., p. 19.
162 sieste d Agatha. ELLE : Dites-moi, aussi, je ne sais plus... dites-le-moi, je n ai jamais su... 77) :,...... :,...,...,,.,, non jouable, non représentabl e 78),.,.,.,. vous tu,,.,. 1 2. < I>, ( Il s approche d elle. Elle recule 79).,. 77) Ibid., p. 56. 78) Ibid., p. 20. 79) La Musica Deuxième, op., cit., p. 56.
163 LUI : Je ne pourrais me me pas m approcher de vous sans souffrir. 80) :. < II>, ( Elle se rapproche un peu de lui 81) ) ( Elle court vers lui 82) )..,. Elle se rapproche de lui encore et encore et quand elle est pre te à le toucher, elle s arre te. Et lui, dans un emportement insensé, la prend dans ses bras et la laĉhe. Silence. 83),.,,..,.,. Ils bougent comme dans le sommeil (...) 84). Silence. Puis ils se déplacent, toujours entre les propos, et puis ils se placent le long des murs, des meubles, et ils restent là où ils sont placés et alors, une fois immobiles, ils se parlent. 85) 80) Ibid., p. 55. 81) Ibid., p. 80. 82) Ibid., p. 78. 83) Ibid., p. 87. 84) Agatha, op., cit., p. 19.
164.,,.,.,.. Ils se rapprochent un peu. Restent rapprochés mais hors de toute atteinte réciproque. 86)... ( ce [le regard] n est pas l écoute du bavardage 87) ),. se regarder,.,. Ils se regardent sans parler. Ils se regardent jusqu à ne plus pouvoir le faire. 88).. Ils se regardent au-delà du possible. 89). Ils se regardent outre mesure. 90) 85) Ibid., p. 24. 86) Ibid., p. 41. 87) La Musica Deuxième, op., cit., p. 66. 88) Ibid., pp. 62-63. 89) Ibid., p. 83. 90) Ibid., p. 87.
165. < II>,.,.,.,..,,. Ils sont détournés l un de l autre, ils ne soutiennent plus la réciprocité de leur regard. 91),. Ils sont d ailleurs presque toujours détournés l un de l autre quand ils se parlent, comme s ils étaient dans l impossibilité de se regarder sans courir le risque irrémédiable de devenir des amants. 92)..,.,. Ils ferment les yeux. Temps. 91) Agatha, op., cit., p. 45. 92) Ibid., p. 59.
166 ELLE : Quel désir de vos yeux. 93).. :.,.,.,.. : 2.,,.,.,,,.,.,,. 93) Ibid., p. 14.
167 L amour ne peut être connu, vu, que de loin, du dehors. Dès qu il commence, il perd la faculté de se dire, il s obscurcit et se ferme sur lui-même. Ne reste que cette apparence toujours miraculeuse des amants - apparence à partir de quoi on essaie de les atteindre. C est ça aussi que j essaie d atteindre. 94),,.,.,.., (Octave Mannoni) désir impossible d écrire sur le désir impossible 95).,,,.,,. 94) Entretien paru dans Le Matin du 29 septembre 1983, propos recueillis par Gilles Costaz. 95) Octave Mannoni, Clefs pour l imaginaire ou l autre scène, Paris, Editions du Seuil, 1969, p. 105.
168 1. La Musica, dans Théa tre I, Paris, Gallimard, 1965. India Song, Paris, Gallimard, collection L Imaginaire, 1973. Le Camion suivi de Entretien avec Michelle Porte, Paris, Les Editions de Minuit, 1977. Agatha, Paris, Les Editions de Minuit, 1981. La Musica Deuxième, Paris, Gallimard, 1985. Le Monde extérieur - Outside 2, Paris, P.O.L., 1993. 2. Agatha ou les lectures illimitées, film de Marguerite Duras, 1981. https://www.youtube.com/watch?v=t0mp08xmxyi Entretien paru dans Le Matin du 29 septembre 1983, propos recueillis par Gilles Costaz. «Ils n ont pas trouvé de raisons de me le refuser», propos recueillis par Marianne Alphant, Libération, 13 novembre 1984. La Musica Deuxième (Marguerite Duras Auteur / Marguerite Duras - Metteur en scène), FR3, 1985 3 1. http://fresques.ina.fr/en-scenes/i mpression/fiche-media/scenes00219/marguerite-duras-sur-la-musica-deuxiem e.html 3. Blanchot, Maurice, La douleur du dialogue, dans Le Livre à venir, Paris, Gallimard, collection folio/essais, 1959. Constaz, Gilles, La cérémonie de la passion, dans Magazine littéraire, numéro 452, avril 2006. De mémoire et d oubli : Marguerite Duras, sous la direction de Christophe Meuree et Pierre Piret, Bruxelles, P.I.E. PETER LANG, 2009. Fernandes, Marie-Pierre, Travailler avec Duras - La Musica Deuxième, Paris, Gallimard, 1986. Kobuszewski, Rodolphe, Marguerite Duras ou la recherche du bonheur, Editions le Manuscrit, 2004. Le Livre Dit : Entretien de Duras filme, Édition établie, présentée et annotée par
169 Joëlle Pagès-Pindon, Paris, Gallimard, 2014. Marguerite Duras à Montréal, textes réunis et présentés par Suzanne Lamy et André Roy, Montréal, Editions Spirale, 1981. Miguet-Ollagnier, Marie, Une réécriture : de La Musica à La Musica Deuxième, dans Duras, femme du siècle, edité par Stellar Harvey and Kate Ince, Editions Rodopi B.V., Amsterdam-New York, 2001. Perrissin-Fabert, Odile, Littérature et Théa tre : Marguerite Duras et August Strindberg, dans Les Lectures de Marguerite Duras, textes rassemblés par Alexandre Saemmer et Stéphane Patrice, Presses Universitaires de Lyon, 2005. Rykner, Arnaud, Théa tres du Nouveau Roman - Sarraute Pinget Duras, Paris, José Corti, 1988. Saemmer, Alexandra, Conversation sacrée entre Marguerite Duras et Robert Musil, dans Duras, Femme du siècle, édité par Stella Harvey et Kate Ince, Editions Rodopi B.V., Amsterdam-New York, 2001. Saemmer, Alexandra, Duras et Musil Dro le de couple? Dro le d inceste?, Editions Rodopi B.V., Amsterdam-New York, 2002. Sarrazac, Jean-Pierre, Duras : théa tre-testament, dans Théa tres intimes, Paris, Actes Sud, collection Textes sur le théa tre, 1992.
170 Résumé La cérémonie de la séparation : étude sur La Musica Deuxième et Agatha de Marguerite Duras LIM Soo Hyun Notre étude a pour objectif d analyser des figures caractéristiques de l écriture durassienne à travers les deux pièces jumelles La Musica Deuxième et Agatha. Celles-ci nous montrent un couple amoureux, Lui et Elle, qui sont sur le point de se séparer. Face à cette rupture qui pourrait e tre définitive, ils essaient désepérément de retrouver le désir absolu, entre le souvenir et l oubli, entre le dialogue et le silence, bref, entre la vie et la mort. Leur que te se montre douloureuse d autant plus que leur désir est redouté, dangereux, maudit, bref, interdit. Les va-et-vient incessants entre le vouvoiement et le tutoiement, entre le rapprochement et l éloignement, entre se regarder et se détourner, tous ces actes précautionneux s effectuent en effet comme une cérémonie, qui leur permettrait, en épuisant ainsi toutes les ressources possibles, de supporter cette situation invivable. Ces aspects attribuent à leur histoire une valeur tragique qui dépasse largement un récit d amour anecdotique. De ce fait, Lui et Elle ne se limitent pas à un simple nom ou personnage, mais deviennent un archétype du couple durassien, qui aime d un désir absolu. L essentiel de l écriture durassienne serait d écrire ou réécrire sur ce désir impossible, à travers les genres divers - roman, théa tre, cinéma. Enfin, la cérémonie de la séparation que nous montrent La Musica Deuxième et Agatha, est aussi une manière de cette écriture qui épure le désir. Graĉe à ce travail rigoureux, on peut assister finalement à une certaine beauté ou à une poétique de la douleur, propre à l oeuvre durassienne.
171 (Marguerite Duras), (La Musica), (La Musica Deuxième), (Agatha), (écriture du désir), (poétique de la douleur), (cérémonie de la séparation)